La nuit commençait à tomber, et les loups s'approchaient de la voiture. Mais comment en étais-je arrivée là ? D'abord, le panneau "Route interdite". Avec le 4x4 et les pneus neige, je m'étais dit que je ne craignais rien; ça devait passer. Effectivement, aucun problème. Mais quand, après au moins dix kilomètres, le panneau "Réserve protégée - Animaux dangereux" m'a avertie, le bon sens aurait du me dicter de faire demi-tour. J'aurais du rebrousser chemin, et en ce moment, je serais dans ma chambre d'hôtel, ou avec les autres à bavarder autour d'un vin chaud. Mais non, ma colère m'a poussée à continuer. Résultat, je suis là, dans la neige, dans une voiture en panne, le froid pénétrant tout doucement dans l'habitacle, comme de l'eau glacée qui remplit une baignoire. C'est bizarre que je sois tombée en panne d'essence, je pense toujours à faire le plein, c'est bien la première fois. Peut-être la dernière, je vois une dizaine de loups qui tournent tout autour. Leur regard m'évite. Pas de réseau. Quelle conne ! Son coup de fil m'a énervée, il fallait que je roule pour me calmer, il fallait que je m'isole ! C'est réussi. J'ai soif, et je ne peux pas sortir, dès que je fais mine d'ouvrir la porte, ils s'approchent encore un peu.
Il fait nuit. Je ne distingue qu'à peine leur ronde. Ah, non, ils sont tous immobiles, ils attendent, à plat ventre. J'ai peur... Les phares, le klaxon, ils ne bougent même pas, ironiques, comme s'ils étaient plus lucides que moi sur la situation. J'ai peur...