Il se trouve qu’un de mes amis, jeune, habite dans le quartier de l’Opéra, l’ancien, Garnier. La semaine dernière, comme souvent, en allant acheter mon café, je passais rue des Mathurins, et à la hauteur du 18, je me cognai à mon ami qui sortait de l’immeuble.
« Tiens, que fais-tu là, Pétula, etc… » Au bout de deux minutes, mettant machinalement sa main dans sa poche, mon ami s’écria : « Mince ! J’ai oublié mon portable là-haut. Eh bien, viens avec moi, je vais te présenter.» Et en gravissant les étages, il me raconta qu’il avait sympathisé avec un vieux monsieur qu’il rencontrait souvent chez les commerçants du quartier, que ce vieux monsieur venait de l’inviter chez lui où un groupe d’amis étaient réunis, et qu’il avait passé un fort bon début d’après-midi, à discuter autour d’un café avec toutes ces personnes, certes âgées, désuètes, mais très agréables.
Nous arrivons donc devant l’appartement et malgré plusieurs coups de sonnette suivis d’un tambourinement, la porte ne s’ouvre pas. Le voisin, alerté par le bruit, nous explique que le propriétaire est décédé depuis au moins une dizaine d’années, et que d’ailleurs cet appartement est inoccupé. « Impossible, j’y étais il y a un quart d’heure avec plusieurs personnes ! » insiste mon ami. Le ton monte ainsi que le concierge qui, inquiet, et croyant se trouver face à une tentative de cambriolage, appelle la maréchaussée.
Au commissariat, devant l’inspecteur de service, les affirmations troublantes de mon ami, mon témoignage, font qu’on prévient l’actuel propriétaire de l’appartement. Celui-ci arrivé, nous nous rendons tous sur place. En pénétrant dans les lieux, mon ami est saisi de stupeur : effectivement, personne. Il reconnaît bien le long couloir qui part sur la gauche, la pièce où il se tenait, mais plus aucun meuble, tout est vide. Il s’approche de la cheminée, et là, il découvre, sous une épaisse couche de poussière… son portable.