Comme chaque matin, au réveil, depuis maintenant vingt jours que l’hivernage aurait du commencer,
la petite Ata se précipita dehors avec la même obsession. Son village, Diakoroladiassa, pourtant dans la région la plus fertile du Mali, n’avait pas reçu d’eau depuis bientôt trois semaines. Seule la « pluie des mangues », quelques gouttes seulement, était venue comme d’habitude. La récolte de maïs était compromise. Elle savait,
la petite Ata, on en parlait tellement autour d’elle, ce que cela signifiait. Avoir faim, avoir soif. Déjà, la réserve d’eau de l’an dernier commençait à être épuisée. On ne lavait plus les vêtements, et on ne buvait plus à
la demande. Seuls les hommes pouvaient boire quand ils en avaient envie. Pour l’instant.
Mais pire, si la pluie ne tombait pas, les rares animaux allaient être abattus. « Sa » chèvre, Eteraya, allait être saignée. Ca, plus que le reste, elle ne pouvait l’imaginer.
Fréquemment, dans la journée, elle regarda les nuages qui passaient, trop blancs. Elle préférait les gros nuages bien noirs, avec du vent autour, qui annonçaient la fraîcheur.
Pourtant, cette nuit, elle fut réveillée par le bruit tant attendu, et elle courut danser dehors, les gouttes d’eau inondant son visage déjà noyé de larmes. Le bonheur !
C’est le lendemain matin, au lever du soleil, qu'arriva le premier nuage de criquets…