Il y a longtemps, bien longtemps, un chat, très vieux, était utilisé par les Dogons du village Niongono au sommet de la falaise de Bandiagara.
Ce chat, très spécial, servait de levier tout en haut du puits sur la place centrale du village. Il était en quelque sorte la pierre angulaire d’un mécanisme ingénieux qui soulageait l’effort nécessaire pour relever les calebasses pleines d’eau.
Son pelage noir parsemé de quelques taches blanches luisait comme un ciel nuageux à la tombée de
la nuit. Les
villageois le respectaient, non seulement pour sa fonction d’une utilité certaine, mais surtout pour son air altier, quand, le soir, il traversait la place, la queue bien droite, la tête fière, semblant régner sur tous.
Pour conserver sa ligne, fine, il lui était interdit de manger pain, produits laitiers et tout ce qui aurait pu le faire grossir. Evidemment, être utilisé comme levier n’était pas une sinécure, mais en compensation, le chat pouvait lutiner toutes les chattes du village.
Aussi, on l’appelait « Paillard, le chat levier sans beurre et sans brioche. »