Il y a quelques mois, dans un vieil hôtel napolitain, au bruit feutré assourdi pas les générations de moquette successives sur les murs, un mourant, sexagénaire, me murmurait à l’oreille :
« La police a découvert qu’on utilisait un doigt de cadavre pour s’identifier à l’entrée des banques. Ils avaient mis partout des lecteurs d’empreintes digitales. »
Une si longue vie
Si peu de bonheur
« Au début, j’allais dans les morgues, la nuit, couper quelques doigts pour le mois. Mais après, les flics ont réagi, ils ont ajouté à chaque capteur, un détecteur thermique. Il fallait que le doigt soit à la bonne température. On a essayé de le chauffer juste avant, mais ça marchait pas. »
Pourquoi on grandit
Tout le mal vient de là
« Alors, j’ai eu l’idée de couper des mains et d’en faire des gants très fins, juste l’épaisseur de l’épiderme. En fait, on ne conservait que la couche basilaire. Les gants étaient d’une légèreté incroyable, comme des gants de chirurgien (rire). Comme j’avais eu l’idée, c’est moi qu’on a chargé d’approvisionner le taxidermiste. »
Tous ces gens
Qui valent mieux que moi
« Qu’est-ce que j’ai pu en couper, des mains ! D’abord, il fallait faire les essais, après, ça marchait plutôt bien. On s’est vite rendu compte que les mains de femme étaient plus faciles à travailler, va savoir pourquoi. Je choisissais les femmes au toucher, évidemment (rire), j’essayais d’imaginer leur peau chaude ; à la fin, j’avais attrapé le coup de main, si on peut dire (rire) »
Une deuxième chance
C’est possible ?
« Tu vois, dans la valise, là, sous le lit, il y a plusieurs dizaines de gants, que des mains droites (rire). J’aime bien ceux qui ont la marque des bagues… La dernière banque, les flics nous y attendaient. Qu’est-ce que ça fait mal, cette blessure au ventre. A la r’voyure, mon p’tit vieux ! »
La vie
Est réelle