Monsieur Jaswant Singh, ministre des affaires étrangères de ce grand pays qu'est l'Inde, et auquel on ne pense pas assez dans les ambitions géopolitiques actuelles, me disait lors de sa visite parisienne, il y a un peu plus de quatre ans : "Cher Larry, figurez-vous que Sharon est beaucoup plus sensible qu'on ne croit. Je l'ai vu pleurer à l'évocation de Sabra et Chatila, il n'y a pas huit jours !"
L'état de santé du premier ministre israélien me ramène cette petite confidence en mémoire. Le remords, est-ce la réalité de la vieillesse ? Est-ce la condition humaine ou la "divine nature des choses" comme dit Marguerite Yourcenar ?
Peut-être Sharon, quand il sort de son coma, se récite t'il ce passage d' Emile Nelligan : "Qu'il est doux de mourir quand notre âme s'afflige, Quand nous pèse le temps tel qu'un cuisant remords, Que le désespoir ou qu'un noir penser l'exige..." Il est vrai que ces vers viennent d'un homme ayant passé 42 ans de sa vie dans un asile, et non pas au pouvoir.
Sinon, un petit régime s'impose, mon cher Jaswant !