Pendant les événements de mai 68, Waldeck-Rochet, confronté à un des plus grands mouvements populaires et à la plus grande grève générale de l'histoire de France, avait un choix monstrueux à faire : "Ou bien agir en sorte que la grève permette de satisfaire les revendications essentielles des travailleurs et poursuivre, en même temps, sur le plan politique, l’action en vue de changements démocratiques nécessaires dans le cadre de la légalité. Ou bien se lancer carrément dans l’épreuve de force, c’est-à-dire aller à l’insurrection, y compris en recourant à la lutte armée en vue de renverser le pouvoir par la force."
On sait ce qu'il choisit. Ce qu'on sait moins, c'est dans quelles circonstances ce choix fatidique fut réalisé. Dans la nuit du 24 mai, alors que tout peut encore basculer, Waldeck reçoit chez lui un coup de fil de Mitterand. Ils se sont vus une semaine avant, mais Waldeck hésite encore. La femme de Waldeck entend son mari se mettre en colère. A l'autre bout du fil, il en est de même. Le partage du futur pouvoir n'a pas l'air de bien se passer. Ce qui est certain, c'est que Waldeck, juste avant de raccrocher brutalement, dit "Ah, tu veux jouer au con, eh bien, on va voir qui va gagner !"
Grenelle et Charléty suivront, avec les effets que l'on connaît.